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L'art du mémoire
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30 décembre 2005

COMMENT NOUS SAVONS QUE CE QUE NOUS SAVONS EST VRAI ...

Un mémoire universitaire met en oeuvre une méthode de connaissance particulière: la méthode scientifique. Celle-ci est  la méthode la plus satisfaisante pour connaître la réalité et se distingue d'autres modes de connaissance, plus incertains, que nous utilisons fréquemment pour dire que quelque chose est vrai et que je vais rapidement présenter.

Nous pouvons d'abord considérer que quelque chose est vrai parce que nous l'avons appris (par exemple de nos parents ou de nos professeurs, ou encore de personnalités éminentes). C'est l'argument d'autorité, qui laisse ouverte la question initiale (comment, eux, savent-ils que ce qu'ils nous apprennent est vrai?
) mais qui souligne la dimension sociale de nos connaissances. Celles-ci découlent d'un apprentissage social et dépendent des relations que les individus nouent. Par exemple, nous sommes souvent poussés à tenir certaines choses comme vraies parce que beaucoup de personnes autour de nous pensent ainsi. Ceci a été établi aussi bien par des psychologues (par exemple ceux de l'Ecole de Palo Alto) ou des sociologues (par exemple théorie de la spirale du silence) qui ont les uns et les autres ont montré que des individus abandonnaient leurs perceptions initiales d'une situation sous l'effet de la pression sociale. 

Nous pouvons considérer certaines choses vraies parce que nous croyons qu'elles sont telles. Pendant des siècles, les religions ont été le principal mode de connaissance et ont fourni des théories, plus ou moins exhaustives, du monde. Mais, problème majeur, ce mode de connaissance, qui relève de la foi ou de la révélation, refuse l'idée de preuve ou de vérification expérimentale. D'une certaine façon, les croyances religieuses ne se discutent pas: on les accepte ou on les refuse en bloc.

Nous pouvons en troisième lieu savoir que quelque chose est vrai parce que nous l'avons vu, vécu ou expérimenté nous-mêmes. Mais nous savons aussi que nos sens peuvent nous tromper (et, ainsi  que le soleil ne tourne pas autour de la terre). Ou bien qu'il ne suffit pas de vivre quelque chose pour être capable d'en percevoir le sens. C'est le célèbre syndrome de Fabrice del Longo (dans La Chartreuse de Parme, qui, bien qu'étant au coeur de l'action, dans le feu de la bataille de Waterloo, "n'y comprenait rien du tout".

Quatrième mode de connaissance: la logique. Celle-ci apparaît comme un outil puissant pour décoder, à l'aide d'opérateurs et de règles formelles, le réel ou mettre de l'ordre dans des données. Ainsi, chacun connaît le syllogisme: Tout homme est mortel, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel. Ou bien, nous savons que, logiquement, la cause d'un phénomène ne peut être postérieure à ce phénomène.
Toutefois, la logique présente deux limites:
- d'une part, nous ne sommes pas toujours capables de bien maîtriser son usage. Ce qui nous conduit par exemple à des sophismes, c'est à dire à des raisonnements qui, bien que semblant logiques
(et s'apparentant le plus souvent à un syllogisme), sont fallacieux. (Notons que le sophisme n'est pas toujours la manifestation d'une incapacité à maîtriser les règles de la logique, mais peut être délibérément utilisé pour tromper un auditoire).
- d'autre part, si la logique peut servir à établir la cohérence interne d'un corps connaissances, elle n'établit pas que ce corps de connaissances est conforme à la réalité telle qu'on peut l'observer empiriquement. D'où, des paradoxes tels celui d'Arrow qui montre qu'il peut y avoir contradiction entre les résultats de votes individuels prédits par la logique et ceux produits par les comportements réels.
Par rapport aux modes de connaissance précédents, la logique fait appel au raisonnement et à la formalisation. Elle nous incite à nous méfier de nos sens, de la tradition ou des arguments d'autorité. En cela, elle peut être considérée comme un préalable, nécessaire mais non suffisant, de la démarche scientifique.

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